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C’est ce qui s’appelle rencontrer sa vocation. Sans le volley assis, variante handisport de ce sport de ballon, quel aurait été le destin de Morteza Mehrzadselakjani ? Tragique, car l’Iranien, aujourd’hui vedette nationale, est atteint d’acromégalie – un excès d’hormone de croissance –, mesure 2,46 mètres et vivait reclus jusqu’à ses 22 ans à Roudsar, au bord de la mer Caspienne.
Sur le terrain, impossible de passer inaperçu pour le deuxième homme le plus grand au monde. Assis et lorsqu’il lève les bras, il est capable de jouer le ballon à près de 2 mètres. Sa hauteur de jeu a été mesurée à 1,96 mètres pendant ces Jeux. Pratique quand le filet est situé à une hauteur de 1,15 mètre et pour inspirer la peur aux hardis adversaires qui essaient de le bloquer.
Vendredi 6 septembre, il a été le meilleur marqueur de la finale (27 points) disputée devant les 4 000 spectateurs enthousiastes de l’Arena Paris Nord, à Villepinte (Seine-Saint-Denis). L’Iran a battu la Bosnie-Herzégovine trois sets à un (22-25, 30-28, 25-16, 25-14), devenant pour la huitième fois champion paralympique, en treize éditions du tournoi masculin. Elu meilleur joueur du monde en 2019, 2021 et 2022, Morteza Mehrzad – son diminutif – compte désormais trois médailles d’or.
Son « gigantisme » n’est pas son seul handicap. A 15 ans, à la suite d’un accident de vélo, il se fracture le bassin et sa jambe gauche ne grandit plus, causant un écart de 15 centimètres avec la droite. Contraint parfois d’utiliser un fauteuil roulant, il s’est appuyé sur ses coéquipiers pour tenir la station debout pendant les hymnes, avant le coup d’envoi.
Victime de moqueries pendant sa jeunesse, sa vie bascule lorsque le sélectionneur iranien Hadi Rezaeigarkani le repère, en 2011, dans un programme télévisé consacré aux personnes qui sortent de la norme.
Le flair de celui qui est impliqué dans la totalité des titres paralympiques de son pays (de 1988 à 2024, en tant que joueur et coach) change l’existence de Morteza Mehrzad. Cinq après, il est médaillé d’or paralympique, à Rio.
« J’étais très déprimé, racontait-il il y a quelques années. J’avais l’impression d’être en prison et j’avais peur de sortir à cause de mon apparence. Le volley a changé ma vie. » D’objets de raillerie, il passe à sportif de haut niveau et trouve une utilité à ce corps extraordinairement grand. « Le physique que je considérais comme très mauvais m’a beaucoup aidé et j’ai su en faire bon usage », confiait-il en juillet à l’AFP.
A Paris, il a parfois été préservé, ne disputant par exemple qu’un set en ouverture contre l’Ukraine ou deux, en demi-finales, face à l’Egypte. Fragile, il a été opéré du genou en 2023.
🇮🇷 🏐 Surnommé le “gentil géant”, Morteza Mehrzad mesure 2,46 mètres. Il a dû relever d’innombrables défis en raison de sa taille imposante, mais il est désormais prêt à aider son pays à remporter une nouvelle victoire aux Jeux Paralympiques de Paris #AFPVertical ⤵️ pic.twitter.com/EqmPWhbtDp
Au centre de l’attaque de sa sélection, Morteza Mehrzad est inarrêtable. Cyrille Chahboune, joueur de l’équipe de France (qui a terminé à la dernière place du tournoi paralympique) a évoqué pour Le Monde le phénomène de son sport : « Il se positionne au filet, il prend les ballons et c’est l’arme fatale. » Les Bleus avaient conçu un plan en cas de match face à l’Iran : « Cela ne sert à rien d’aller au bloc quand il attaque. Il faut se mettre à l’arrière, en protection. »
A Paris, comme souvent, le triple champion paralympique a défrayé la chronique par sa particularité. Le plus grand athlète à avoir participé aux Jeux paralympiques – selon le Comité international paralympique – a failli dormir par terre. Le Comité d’organisation a dû fournir une troisième extension à son lit modulable en carton. Les deux premières, réclamées initialement pour l’accueillir, ne suffisaient pas. A son retour au pays, le destin de Morteza Mehrzadselakjani lui vaudra bien un nouveau lit sur mesure, à sa taille de géant.
Anthony Hernandez
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